Le souvenir d’un jeune garçon rencontré à quatre ans est resté dans sa mémoire de fillette heureuse d’une famille juive musicienne. Elle le croise à nouveau à l’adolescence, mais il en aime une autre… Un soir, alors qu’elle mène une vie sereine avec un mari aimant, elle le recueille avec son bébé : sa femme est morte en couches. Pour survivre, il devient gigolo.
Cet amour inabouti est le fil rouge de la vie de la narratrice. Il cristallise dans l’imaginaire de l’enfant, puis de l’adolescente et de l’adulte mère de famille, ce que les circonstances de la vie et les intermittences du coeur amènent de bouleversements. C’est donc, in fine, le portrait affectif d’une femme de notre époque que propose Agnès Desarthe (La chance de leur vie, Les Notes juin 2018). Au début du roman, les passages relatifs à l’enfance, joliment écrits, sont pleins de charme. Les amours adolescentes, la dégradation des rapports familiaux et la lassitude conjugale sont bien vus, mais le désarroi existentiel de l’héroïne et la dérive de son éternel fiancé sont moins convaincants. L’auteure effleure divers thèmes : le temps, la maladie, la mort… qui tous invitent à la réflexion. Elle le fait avec style et finesse. (L.K. et M.-P.R.)