Laure, quarante ans, universitaire, un mari, deux filles dont l’aînée, adolescente révoltée et militante, jette à la tête d’ une mère dépassée sa violente clairvoyance. Clément, quinquagénaire, célibataire dépressif, financier sans conviction, confie à son chien « Papa » son ennui de vivre… Devenus amants, ces deux-là ne cessent de remettre en cause leur liaison, partageant seulement leur « dressage » respectif par des mères toxiques – celle de Laure l’admoneste depuis sa tombe, celle de Clément depuis le Loir-et- Cher – ainsi que la correspondance enflammée et affamée de leurs peaux. Où mènera ce désir sauvage ?
L’auteure (Les Impatients, Les Notes décembre 2018) donne à cette passion ardemment vécue une incandescence dont le titre concentre d’infinis possibles. À l’obsession de la femme, à son souci de l’autre répondent les dérobades, l’incompréhension, la fuite de l’homme. En chapitres alternés, les monologues intérieurs de Laure, à la deuxième personne, de Clément à la première, révèlent deux mondes de misères enfouies, de solitude, d’autodestruction, de névrose poignante et mortifère. Émotions, lucidités corrosives et argumentées des maux de notre société contemporaine, s’expriment dans une écriture surprenante, rapide, inventive. Les mots s’échappent des phrases, reprennent leur juste place, s’étoffant d’adjectifs et d’aphorismes. Humour et autodérision ne masquent ni l’humanité ni la volonté de l’écrivaine d’arracher la sauvagerie de ces êtres désespérés : c’est un roman de non-amour qui brille surtout par son style si particulier. (A.C. et S.D.)